1. Ma vie, à peu de jours bornée,
S'écoule avec rapidité ;
Mais de sa course terminée
Je vois naître l'éternité.
Grand Dieu, fais qu'à ma dernière heure
Je me prépare par la foi,
Et quand tu voudras que je meure,
À bien mourir dispose-moi.

2. C'est en vain que l'homme refuse
De songer au jour du trépas ;
Insensé celui qui s'abuse
Tandis que la mort suit nos pas !
Age, beauté, valeur, naissance,
Adresse, larmes, ou faveur,
Rien n'exempte de sa puissance
Et rien n'en fléchit la rigueur.

3. De la mort la suite est affreuse
Pour l'homme qui ne l'attend pas ;
Mais elle est douce et bienheureuse
Pour qui s'y prépare ici-bas.
Seigneur, exauce ma prière,
À Toi je remets mon destin ;
C'est Toi qui connais la manière,
Le temps et le lieu de ma fin.

4. Il se peut que cette journée
Soit bien la dernière pour moi,
La plus riante matinée
Peut avoir un soir plein d'effroi.
Père éternel, couvre mon crime
Des mérites du Rédempteur ;
Sur le sang de cette victime
Est fondé l'espoir de mon cœur.

5. Le sang du Sauveur adorable,
Dont rien n'égale la valeur,
Est le trésor inépuisable
De tout ce qui fait mon bonheur.
À Jésus mon âme est unie,
Je ne serai jamais confus ;
Dans la mort comme dans la vie,
Je ne m'attache qu'à Jésus.

6. Mon Dieu que rien ne me retienne
Parmi les objets de ces lieux ;
Que ta volonté soit la mienne !
Élève mes désirs aux cieux.
De ta main j'attendrai la palme
Que Tu destines à la foi,
Et, vivant dans un heureux calme,
Un jour je mourrai sans effroi.